Hier, le rideau a été tiré sur les différentes compétitions et les derniers lauréats ont été connus. Mais un autre chantier non moins lourd commence dès aujourd’hui.
La saison 2023 / 2024 s’en va. Sans regrets profonds mais plutôt avec soulagement. Celui de s’être débarrassé d’une grande partie du lourd fardeau : l’arrivée de la barque à bon port avec la fin des compétitions dans plus ou moins de bonnes conditions. Avec aussi moins de frayeurs et de dégâts que prévu, grâce notamment aux matches de Coupe de Tunisie qui n’ont pas manqué de charme, qui ont fait le spectacle, qui nous ont offert de belles affiches et une grande moisson de buts de très bonne facture. Ce qui nous a fait oublier ce football de la peur en championnat ( jouer plus pour ne pas perdre que pour gagner), et ce triste record de nombreuses rencontres sans couleur ni saveur qui se sont terminées sur des nuls blancs frustrants ou par de petites victoires tirées par les cheveux par des scores étriqués, Il faut donc remercier infiniment Dame Coupe qui a sauvé sur le fil la saison de la lassitude. Les équipes qui ont fini les matches sur les rotules, après la grande débauche d’énergie physique sur le terrain et toutes les crises financières qu’elles ont traversées peuvent enfin partir en vacances pour une quinzaine de jours avant de replonger dans les préparatifs de la saison 2024 / 2025.
Pas un jour de répit pour les responsables
Mais si les joueurs auront droit à un petit temps de repos, les responsables des clubs, eux, ne quitteront pas leurs bureaux. De grandes échéances et de lourdes tâches les attendent, une véritable course contre la montre avec deux dates à retenir. Celles du 3 juillet qui est le dernier jour dans la prolongation accordée par la CAF pour arriver à des solutions et conclure des accords de résolution des différents litiges objet de verdicts définitifs arrêtés au 31 mars 2024. Devant l’explosion des réclamations faites à ce sujet et qui reviennent parfois à plusieurs années en arrière, il faudra un vrai miracle pour tout boucler en un laps de temps. La mission est difficile, pour ne pas dire impossible tout court. Certains clubs ont cherché à échapper à cette épée de Damoclès en introduisant des recours contre les décisions de première instance de la Commission fédérale des litiges nationaux, devenus définitifs après l’expiration des 8 jours du délai d’appel sans qu’il y’ait eu respect de cette procédure. Avec la bénédiction du Bureau fédéral ? Pour les avocats des parties concernées par ces litiges, ce serait une infraction grave aux règlements. Ils brandissent la menace de saisir la CAF qui surveille de très près toute l’opération pour faire avorter cette tentative de contournement des lois et pour mettre la Fédération dans de très mauvais draps.
L’échelonnement, seule alternative
Ce faisant, la seule option plausible et acceptable dans la forme comme dans le fond, qui sera une porte de sortie sans danger, est un accord d’échelonnement de ces dettes dont bon nombre sont «carbonisées» avec un calendrier souple de paiement, après des concessions à l’amiable, étalé sur une année de grâce pour gommer définitivement ce lourd héritage de plus d’une décennie de laxisme et de complicité dans l’exécution de ces verdicts exorbitants et inapplicables qui ont conforté chez les clubs ce sentiment d’impunité et qui les a mis aujourd’hui dans de sales draps. La deuxième date butoir est celle du 31 juillet, dernier délai de dépôt sur le support de la CAF, via le service licences de la FTF, des dossiers d’engagement de nos clubs qui doivent répondre aux cinq critères requis, dont notamment la preuve de régularisation des litiges financiers anciens, pour l’obtention de l’autorisation de participation au championnat 2024 / 2025 et l’octroi des licences CAF au moins, dans un premier temps, pour les clubs et les joueurs de la Ligue 1. Cette opération n’est pas, elle aussi, d’une simplicité telle qu’elle peut être réalisée en l’espace d’un mois. Surtout qu’elle est tributaire de la réussite de la première étape du 3 juillet. Le problème est que le mandat prolongé de l’actuel Bureau fédéral expire le 15 juillet en plein milieu de ce mois de crise. La Fifa n’a pas encore fixé la feuille de route pour arriver à organiser de nouvelles élections et de nouveau on recommence à avoir cette peur et à redouter cette horreur du vide qui se profile de nouveau à l’horizon dans cette période clé de transition entre deux saisons. Rien ne garantit qu’un comité restreint et indépendant pour deux mois peut résoudre les problèmes cruciaux du moment en attendant d’installer le meilleur climat et les conditions de neutralité et de transparence pour l’émergence d’un nouveau Bureau fédéral élu. Jusqu’au 20 septembre, date de clôture du mercato d’été, la fédération doit être sur le pied de guerre pour un travail de fourmi pour assurer le bon démarrage de la nouvelle saison dans toutes les divisions et offrir le meilleur climat de sérénité pour les échéances importantes de notre équipe nationale pour les éliminatoires de la Coupe du monde 2026 et la Coupe d’Afrique 2025. Un remue-ménage brouillon et précipité en cette période phare de l’été, avec ce seul désir de changer pour changer et pas pour tout reconstruire sur des bases solides bien étudiées peut mener à l’inverse de ce que nous espérons. La Fifa est consciente elle-même et en premier de ce revers de la médaille et de ce danger pour le football tunisien. Elle prend son temps pour trancher de la meilleure façon possible, pour sortir notre sport-roi de l’impasse et pour s’assurer le meilleur plan de sauvetage. Et elle a amplement raison en l’état car sa décision imminente ne pourra être que le fruit d’une mûre réflexion.